Les pluies acides
Depuis maintenant plus de vingt ans les chimistes s’intéressent à l’acidité des pluies. Le pH de l’eau de pluie est régulièrement contrôlé et certaines valeurs très inquiétantes ( pH = 1,5 ) ont été relevées, en, particulier aux Etats-Unis. Pour mémoire le pH du vinaigre est de 2,8 et celui du jus de citron d’environ 2,3. De telles acidités sont à l’origine de la mort biologique de plusieurs lacs de notre planète et de la détérioration de monuments qui avaient pourtant résisté à des siècles d’histoire.
Nous verrons les pluies acides au Canada, en Europe et ce qui attend le reste du monde…
1984. Dans le ciel bleu acide, le responsable de campagne de Greenpeace, Robin Heid, sauta du haut de la tour de la centrale électrique de Gavin à Cheshire, en Ohio, pour attirer l’attention sur le niveau élevé d’oxydes de souffre émis par l’Ohio Power Company et sa société mère American Electric Power. C’était il y a 21 ans !
Les pluies acides sur le Canada :
Des progrès remarquables ont été faits au chapitre de la réduction des pluies acides. Il n’en demeure pas moins que de nombreux lacs et forêts de l’est du Canada se détériorent encore. Les résultats de nouvelles recherches démontrent, en outre, que la pollution atmosphérique acide menace la santé humaine.
Au cours des 15 dernières années, nous avons réussi à restreindre considérablement les émissions de dioxyde de soufre (SO2), l’un des principaux polluants à l’origine des pluies acides. Depuis 1980, on a coupé de plus de moitié les émissions de dioxyde de soufre dans l’est du Canada, et les États-Unis réduisent eux aussi leurs émissions. Malgré ces progrès, les dernières études scientifiques montrent que le rétablissement des écosystèmes naturels est beaucoup plus lent qu’on ne l’avait prévu et que les mesures prises jusqu’à maintenant ne suffiront pas pour protéger nos lacs et forêts les plus vulnérables.
Deux types de polluants courants, le dioxyde de soufre et les oxydes d’azote, sont les principales causes des pluies acides. Ces polluants proviennent en grande partie des centrales thermiques qui utilisent du charbon, des fonderies de nickel et de cuivre et des véhicules automobiles. Le dioxyde de soufre est issu de la combustion du charbon contenant du soufre et de la fonte du minerai contenant du soufre. Lorsqu’il est en suspension, le dioxyde de soufre se transforme par réaction chimique avec les vapeurs d’eau en acide sulfurique. De la même façon, les oxydes d’azote (NOx), surtout relâchés dans l’atmosphère au cours de la combustion à température élevée de carburant, forment de l’acide nitrique.
Ces polluants peuvent rester en suspension pendant plusieurs jours, se déplaçant parfois sur des milliers de kilomètres. Lorsque des précipitations lavent l’atmosphère de ces polluants, pratiquement tout ce qui reçoit ces précipitations — le sol, l’eau, les plantes et les matériaux de construction — est susceptible d’être pollué. Le dioxyde de soufre et les oxydes d’azote en suspension peuvent également être transformés en particules fines, lesquelles risquent aussi de demeurer en suspension dans l’atmosphère pour devenir une des principales composantes du smog.
La plupart des pluies acides tombent sur la moitié est du Canada, car les plus grandes sources de polluants atmosphériques acides se trouvent dans la partie est de l’Amérique du Nord et les vents les transportent généralement vers l’est.
Les pluies acides en Europe :
Des poissons qui agonisaient par milliers dans les lacs d’Europe et d’Amérique du Nord ont, les premiers, donné l’alerte, dans les années 60 et 70, sur les effets destructeurs des pluies acides. Dix ans plus tard, des forêts de conifères commencèrent à dépérir, victimes du même phénomène, et des observations faites depuis 1980 ont montré que les forêts d’Europe sont menacées.
A l’état naturel, la pluie est légèrement acide, car elle contient du dioxyde de carbone, mais la pollution de l’atmosphère due à l’industrie et à la circulation automobile fait que certaines pluies sont, aujourd’hui, aussi acides que du jus de citron, soit cinq cents fois plus que des pluies non polluées.
Les pluies acides éliminent du sol, par lessivage, des substances nutritives telles que le magnésium, le calcium, le potassium, dont les arbres ont besoin pour survivre, les faisant même disparaître de leurs feuilles ou de leurs aiguilles. Le manque de calcium peut avoir des répercussions sur toute la chaîne alimentaire : ainsi, les oiseaux qui se nourrissent d’insectes vivant sur un sol appauvri pondent des œufs aux coquilles trop fragiles, qui se brisent avant l’éclosion.
En Suède, les pluies acides lessivent le cuivre des canalisations d’eau, empoisonnant celle-ci et provoquant de graves maladies chez les enfants. Par ailleurs, les pluies acides rongent lentement les pierres des cathédrales et d’autres monuments historiques d’une inestimable valeur.
Après s’être affrontés sur ce sujet pendant les années 80, les pays industrialisés sont aujourd’hui parvenus à un accord pour limiter la pollution, en particulier celle due aux gaz d’échappement automobiles. Il leur reste maintenant à s’entendre pour étendre ces mesures à la pollution industrielle elle-même, dont les écologistes affirment qu’elle doit être réduite de 90 p. cent dans les plus brefs délais si l’on veut écarter le risque d’une catastrophe écologique résultant des pluies acides.
Les régions de la planète souffrant le plus des pluies acides sont les régions proches des zones de pollution massive, dont le sol, manquant des composés
nécessaires pour neutraliser l’acidité des précipitations, est particulièrement fragile. De nombreux pays défavorisés, notamment sous les tropiques, connaissent actuellement un développement industriel rapide, et par conséquent un accroissement brutal de la pollution atmosphérique. Il est vraisemblable, en outre, que le Brésil, la Chine, l’Inde, la Malaisie, le Nigeria et le Venezuela souffriront, dans un avenir proche, d’une sévère aggravation des pluies acides.
Le problème des pluies acides trouve son origine dans la révolution industrielle et n’a cessé de croître depuis lors. La gravité de leurs effets est reconnue depuis longtemps dans des contextes régionaux illustrés par les périodes de smog acide dans les zones fortement industrialisées. Toutefois, ce n’est qu’au cours des dernières décennies que l’ampleur des dommages dus aux pluies acides est devenue manifeste. L’Europe du Nord est une région très étendue qui a fait l’objet d’études poussées et où les pluies acides ont affecté les édifices, endommagé les cultures et les forêts et menacé ou réduit la vie dans les lacs d’eau douce. En 1984, par exemple, des rapports sur l’environnement indiquaient que presque la moitié des arbres de la Forêt-noire avaient été endommagés par les pluies acides. Le nord-est des États-Unis et l’est du Canada ont été particulièrement touchés par cette forme de pollution, et des dommages ont été relevés dans d’autres régions du monde.
Ce sont les rejets industriels qui ont été accusés d’être les principaux responsables des pluies acides. Étant donné que les réactions chimiques entrant en jeu dans la formation des pluies acides dans l’atmosphère sont complexes et, à ce jour, encore mal comprises, les industries ont cherché à remettre en question ces affirmations et à insister sur la nécessité d’études plus poussées ; et, compte tenu du coût de la lutte contre la pollution, les gouvernements ont eu tendance à soutenir ce point de vue. Des études publiées par le gouvernement des États-Unis au début des années quatre-vingt considéraient pourtant clairement l’industrie comme le principal responsable des pluies acides dans l’est des États-Unis et au Canada. En 1988, dans le cadre de la Convention des Nations unies concernant l’Accord sur la pollution atmosphérique transfrontalière à longue distance (1979), vingt-cinq nations ont ratifié un protocole limitant les émissions d’oxydes d’azote à leur niveau de 1987.
Sans air sain, la vie n’existerait pas sur terre.
sources : http://perso.wanadoo.fr/didier.hottois/pluie.htm / http://www.msc-smc.ec.gc.ca/cd/factsheets/acidrain/index_f.cfm / http://www.alertes-meteo.com/catastrophe/pluies-acides.htm / http://environnement.ecoles.free.fr/i / http://www.greenpeace.org/france/ / http://www.elements.nb.ca/air/acidf/acidf.htm
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